Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Herbert-Houngnibo.jpg

20ième édition de la liberté de presse ce 03 mai dans le monde. C’est une fête, disons un moment de prise de conscience collective, -pour ceux qui exercent le métier- afin qu’ils réfléchissent sur un thème lié aux menaces qui pèsent sur la profession. La fête concerne-t-elle tout le monde?
Au Bénin, le journalisme a vécu. Cette profession naguère était noble et respectée. Aujourd’hui, la large profession des journalistes-expression de Pierre Osho- projette une image de désolation. Les journalistes au Bénin ont empoché leur code de déontologie pour s’arc-bouter autour du bâtiment des services des renseignements généraux afin de recevoir des papiers émaillés de faute qu’ils reproduisent exactement dans leurs différents organes  à la même position. En langue journalistique, on parle de manchette uniforme. Ces articles non signés sont souvent de nature à détruire d’honnêtes gens ou à porter atteinte à l’honneur et à la réputation. Il ne s’agit plus de journalisme ni de communication car cette dernière a une éthique aussi. Il s’agit de la propagande. L’état clinique de la presse n’est pas si loin du coma ; la mort s’en suivra si une thérapie de choc n’est pas envisagée par les associations professionnelles des médias. On ne saurait-bien entendu-mettre tout le monde à la même enseigne  que les  ouvriers des manchettes de destruction de 50.000F CFA,  soit environ 76 euros. Là encore, l’entremetteur, un ancien journaliste  bruyant et bouillant prend 20% du montant dérisoire de 76 euros. Voilà ce qu’est devenue la presse écrite béninoise jadis très respectée.
Il y a cependant ceux qui se prennent au sérieux et contribuent par le contenu de leur formation à donner du reflet à leurs organes. Ils sont hélas très rares et constituent même une espèce en voie de disparition tant la pourriture  progresse tel un cancer qui ronge cette profession et réduit ses animateurs à la mendicité excellemment décrite par l’ex Président de la République Mathieu Kérékou à l’installation de la quatrième mandature de la Haute Autorité de l’Audiovisuelle  et de la Communication. Chaque lecteur a pu lire non sans émoi, ces tâcherons des  renseignements dits généraux se jeter sur  la modeste Association Happy Society  de loi 1901 dans des articles uniformes, de douteuse cohérence avec la même syntaxe défectueuse sur près de sept journaux. Un magistrat, ami d’enfance et ex compagnon d’amphithéâtre de droit, m’a confié que le ménage est nécessaire sinon impérieux. Comme lui, je suis peiné de catégoriser la presse béninoise. Il y a des journalistes de première division. Ceux-là  qui officient dans les dix meilleurs organes de presse du pays.  J’ai dit à mon ami magistrat que je ne lis pas toute la presse au risque de désapprendre. Que faut-il faire pour  sortir  les  » malfrats de la plume  » de leur condition ?  C’est très simple. Ceux qui ne font pas honneur à la profession des journalistes, on les connaît. Ce sont des recalés de faculté ; ce sont ceux qui sont entrés dans la profession par effraction pour éviter le chômage ; ce sont ceux qui ont refusé d’aller à l’apprentissage des métiers de rue. Cette dernière catégorie est abondante. C’est sur elle que le régime, hélas, appuie la communication gouvernementale. Nous ne cesserons jamais de le marteler :  » Chaque gouvernement est à l’image de la presse qu’il emploie « . Les journaux qui publient des articles sans signature sont forcément de la division alpha.  On a déjà beaucoup écrit sur ces  » touristes  » du journalisme, ces plumitifs sans moyen ni qualité, qui compteraient dans leurs rangs de vrais clochards ou de parfaits escrocs  donnant l’image si déplorable du journaliste béninois, au moment  où le métier  essaie   douloureusement de s’organiser, de se faire honorer et écouter. Il faudrait courageusement conclure un partenariat avec l’Association des artisans du Bénin afin de mettre à sa disposition ceux qui sont inaptes à la profession de journaliste. Ils peuvent ainsi retrouver leur chemin. Il y en a qui feraient d’excellents laveurs de carreaux, de bons racoleurs ou chauffeurs ou encore un génie de la distribution de courriers administratifs.  Le journalisme au Bénin a vécu. Il faudrait réinventer un autre modèle. Et voilà, le néojournalisme qui ne tardera pas à prendre ses marques. Prenez le rendez-vous.

Herbert Houngnibo

Source: La Presse du Jour du 3 mai 2013

 

Tag(s) : #Société
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :