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Une marche pacifique organisée au sujet de la lenteur des travaux du 1er Août à Natitingou a dégénéré en affrontement entre populations et l’armée hier mercredi 04 mai 2011. Le bilan fait état d’un mort, 12 blessés dont 6 légers et 6 graves dans le rang des manifestants et des dégâts énormes.


La ville de Natitingou est restée surchauffée toute la matinée d’hier. La marche de protestation pacifique qui a drainé du monde, est partie du Ciné Bopessi pour échouer à la préfecture de Natitingou où la motion adressée au Chef de l’Etat a été lue. C’est donc à l’issue de cette marche sur la route inter Etats N°3 que quelques engins des manifestants ont été saisis par des gendarmes, et gardés dans l’enceinte du commissariat central de Natitingou. Dans l’impossibilité de récupérer lesdites motos et sortis du commissariat, les manifestants très fâchés ont commencé par lancer des projectiles aux forces de sécurité publique. Tout le stock de gaz lacrymogènes disponible au Commissariat de police de Natitingou n’a pu disperser les populations qui voulaient coûte que coûte retirer les motos saisies. Le face-à-face entre ces manifestants et forces de sécurité publique a duré des heures. Dépassées par la forte résistance, les forces de sécurité publique a fait usage de leurs armes à feu, puisque disposant depuis la veille d’une réquisition exceptionnelle délivrée par l’autorité préfectorale des départements de l’Atacora et de la Donga. C’est alors que la chasse à l’homme a démarré. Du côté des populations, on dénombre un mort, six (06) personnes grièvement blessées parmi lesquelles une femme qui s’en est sortie avec le bras gauche fracturé et des innocents n’ayant pas participé à la marche. Le jeune tué à coup de balle réelle logée dans son cou répondait au nom de El Hadj Kouabi alias "Fawaz". Il est originaire de Djougou et âgé de 28 ans environ. Il est conducteur de taxi moto dans la ville de Natitingou. Six autres personnes blessées dont une par balle sont admises à l’hôpital de zone de Natitingou et au Chd Atacora où ils reçoivent des soins intensifs. Le corps du jeune Fawaz est déposé à la morgue sur instruction du Procureur de la République près le tribunal de première instance de la localité. Au niveau des forces de sécurité publique, également six (06) personnes sont blessées, mais légèrement. Dans leur furie, de jeunes policiers ont molesté plusieurs usagers de la route dans la ville. La route inter Etat N°3 et quelques artères de la ville ont été barricadées par des pneus brûlés par ces manifestants. En terme de dégâts enregistrés, plusieurs pare-brises de véhicules et des enseignes de sociétés cassés, etc… Depuis cette émeute, les deux camps sont sur pied de guerre. Les meneurs, organisateurs de la dite marche qui n’auraient pas été autorisés, sont recherchés par les forces de l’ordre pour être présentés au Procureur de la République près le Tribunal de première instance de Natitingou.

Le motif de la marche

Cette marche d’hier qui est la seconde du genre après celle de la semaine écoulée. Les manifestants revendiquent en réalité, la réalisation de toutes les infrastructures prévues avec les 20 milliards de Fcfa promis par le gouvernement dans le cadre de l’organisation de la fête du 51ème anniversaire de l’indépendance du Bénin à Natitingou. Après cette première marche, c’est d’ailleurs ce qu’a laissé entendre le porte-parole du comité de développement de Natitingou qui a lu la motion. Selon lui, les populations de la commune de Natitingou et ses environs ont organisé cette deuxième marche pour manifester leur indignation face au silence qui a fait suite à la première marche et aux tentatives de remise en cause des libertés démocratiques. Au nombre des revendications, les populations exigent le démarrage dans l’immédiat des réalisations prévues et leur achèvement dans des délais raisonnables ; la réalisation d’un plan d’urgence pour la ville de Natitingou et ses environs incluant la construction et l’équipement d’un Centre hospitalier départemental (Chd) à doter en personnel qualifié, en nombre suffisant afin de faire de cet hôpital un véritable centre de référence départemental ; l’abrogation de l’arrêté du ministre de l’Intérieur et de la sécurité portant interdiction des manifestations sur les lieux publics et le respect scrupuleux des libertés démocratiques. En cas de non satisfaction de leurs préoccupations, ces populations de Natitingou se réservent le droit de poursuivre la lutte par tous les moyens pour se faire entendre sans exclure la possibilité, disent-elles, de boycotter activement la fête du 1er Août 2011.

Hervé M. Yotto

(Br Atacora-Donga)

Source: Le Matinal du 5 mai 2011

Tag(s) : #Société
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