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inauguration chaire gantin (Copier)

 

L’Université pontificale Saint Jean de Latran a honoré, hier jeudi 23 mai à Rome, la mémoire du Cardinal Gantin, en lui dédiant une Chaire sur la socialisation en Afrique au sein de l’Aire internationale de recherches – Etudes interdisciplinaires pour le développement de la Culture africaine. Le président de la République a présidé cette inauguration.

INAUGURATION DE LA CHAIRE 

CARDINAL BERNARDIN GANTIN 

(Cité du Vatican, le 23 mai 2013) 

 

ALLOCUTION DE

SON EXCELLENCE DR. BONI YAYI

PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE DU BENIN,

Eminences,

Excellences,

Honorables invités,

Mesdames et Messieurs,

Une fois encore, j’éprouve une immense joie et une grande fierté de me retrouver avec vous au sein de votre prestigieuse Université pour m’adresser à vous à l’occasion de l’inauguration de la Chaire Cardinal Bernardin GANTIN.

Votre Université étant au service du Saint Siège, je ne puis m’empêcher d’avoir une pensée profonde et respectueuse à l’endroit de notre Très Saint Père le Pape François à qui je renouvelle mes vives félicitations pour son élection en lui souhaitant un long et fructueux pontificat.

Je voudrais également exprimer au nom du peuple béninois, de mon gouvernement et de la délégation qui m’accompagne, toute ma gratitude à Monseigneur Enrico dal COVOLO, Recteur Magnifique de l’Université Pontificale Saint Jean de Latran, pour son accueil si chaleureux et pour avoir créé la Chaire Cardinal Bernardin GANTIN, en mémoire de notre compatriote le Cardinal Bernardin GANTIN, digne et illustre fils de mon pays, le Bénin.

Je voudrais rappeler, ici, que c’est à l’occasion de ma précédente visite le 19 novembre 2012, en ces mêmes lieux, que j’ai eu l’immense privilège d’avoir été informé du projet de création de cette Chaire dédiée à l’étude de la socialisation politique et économique en Afrique.

Je me félicite de la concrétisation de cette initiative qui honore mon pays, le Bénin, et même au-delà tout le continent africain. C’est le lieu pour moi  d’adresser tous mes remerciements aux autorités de votre célèbre  Université et particulièrement à vous, Monseigneur Enrico dal COVOLO, Recteur magnifique.

La création d’une Chaire consacrée à l’étude de « La socialisation politique et économique en Afrique » est l’expression du grand intérêt que l’Eglise catholique porte au devenir de notre continent. Elle contribue aussi au rapprochement entre les nations et les peuples du monde. Elle est également  le témoignage du combat mené par le Cardinal tout au long de sa vie apostolique.

En effet, humaniste convaincu et très humble serviteur des pauvres, le Cardinal Bernardin GANTIN a consacré toute sa vie pour le triomphe de la justice sociale, de la paix et de la fraternité entre tous les hommes et les peuples.

Dans la sphère de ses compétences, il s’est investi, non seulement pour le développement du Bénin, sa chère Patrie, mais également pour l’épanouissement de l’homme africain et de l’humanité toute entière dans toutes ses dimensions à travers un don exceptionnel de soi. Le Cardinal Bernardin GANTIN, de vénéré mémoire, ne disait-il pas en effet « qu’il faut savoir s’oublier et se donner aux autres ».

Cette conviction l’a amené à être sur tous les fronts en vue de répondre à toutes les formes de sollicitations des hommes et des femmes confrontés aux épreuves de la vie.

L’esprit de fidélité et de l’amitié caractérisait la personnalité de Monseigneur GANTIN qui laisse aujourd’hui à la postérité un immense héritage humain, moral et spirituel, que nous devons nous efforcer de sauvegarder et de perpétuer.

Vous concevez donc avec moi que l’inauguration, ce jour, jeudi 23 mai 2013, de la Chaire Cardinal Bernardin GANTIN s’inscrit dans cette optique et couronne les efforts des Autorités de l’Eglise catholique pour honorer la mémoire de l’illustre disparu en établissant une Institution qui porte son nom.

 

Excellence Monseigneur le Recteur Magnifique,

Mesdames et Messieurs,

La socialisation politique et économique en Afrique, thématique de la Chaire Cardinal Bernardin GANTIN, n’a d’autre finalité que la réflexion sur le développement  durable, sous tous ses aspects, des sociétés africaines en tenant compte  de leurs atouts et de leurs réalités endogènes.

Cette thématique nous renvoie à la problématique de la mise en œuvre d’une politique de gestion participative de la cité par la communauté des citoyens et d’un développement économique inclusif centré sur l’homme comme le préconise la doctrine sociale de l’église réaffirmée par le Pape Benoît XVI dans son exhortation apostolique Africae Munus. C’est le lieu de rappeler que les sociétés africaines ont déjà des prédispositions pour rendre effective cette socialisation politique et économique comme l’attestent le profond respect qu’elles portent à l’être humain, leur quête permanente de l’esprit de consensus, le souci du respect du bien public, l’esprit de solidarité et de partage. Plusieurs sujets portant sur cette thématique peuvent ainsi faire l’objet de recherche et de réflexion. Sans être limitatif, on pourrait par exemple évoquer :

-          Les questions de gouvernance ;

-           La contribution des cultures africaines au développement de l’Afrique ;

-          Les valeurs éthiques, morales et spirituelles comme paradigme de la gouvernance.

Le fruit de ces réflexions permettra d’ouvrir, j’en suis persuadé, de nouvelles perspectives en matière économique, politique et sociale quant au devenir de notre continent dans une stratégie d’intégration visant à construire un espace où l’Afrique parle à l’Afrique, l’Afrique commerce avec l’Afrique et l’Afrique investit en Afrique. 

Eminences,

Excellences,

Mesdames et Messieurs,

Dans le cadre de cette thématique générale, je voudrais  développer un des sous-thèmes qui fera l’objet de réflexion, à savoir : « Management du développement local en Afrique : défis, stratégies et perspectives »

 

Eminences,

Excellences,

Mesdames et Messieurs,

Les pratiques de développement communautaire et de développement local ont évolué depuis une dizaine d’années. Elles sont de plus en plus liées au processus d’approfondissement du contenu de la gouvernance locale et des stratégies de lutte contre la pauvreté. Elles se traduisent par une plus grande responsabilisation des acteurs locaux de développement notamment les groupements, les associations, les comités villageois, les commissions villageoises de gestion des terroirs, les communes. Le niveau villageois et le niveau communal se sont imposés comme l’échelle de référence pour le lancement et la mise en œuvre des actions de développement à la base.

L’approche de développement communautaire qui a été privilégiée pendant plusieurs années semble progressivement évoluer vers l’approche de type développement local, avec l’accélération des processus de décentralisation. Les approches mises en place sont plurielles et riches du fait de la diversité des outils de planification et du financement décentralisé mis en œuvre dans des milieux naturels différents. Même s’il n’existe pas de pratique unique aussi bien en milieu urbain qu’en milieu rural, la tendance va dans le sens de l’harmonisation progressive des approches en matière de planification et de participation ainsi que de pérennité des mécanismes mis en place pour promouvoir un développement local durable ne marginalisant ni les plus pauvres, ni les groupes minoritaires.

Le management du développement local et plus précisément la présentation des défis, stratégies et perspectives  y relatifs  nous conduisent à examiner trois idées majeures, à savoir :

-          la définition des concepts ;

-          les pratiques de développement communautaire et local en Afrique ;

-          l’élaboration des perspectives de travail. 

I LE CADRE CONCEPTUEL DU DEVELOPPEMENT COMMUNAUTAIRE DANS LES PROCESSUS DE LUTTE CONTRE LA PAUVRETE

Depuis les années 90, avec l’aggravation de la pauvreté dans certains pays d’Afrique, les débats sur les méthodes et moyens de lutte contre la pauvreté se sont intensifiés. Plusieurs approches et méthodes ont été mises en avant pour mieux cibler les catégories de populations les plus touchées par le phénomène de précarisation et de marginalisation. Parmi ces approches, on peut noter :

-    le développement à la base à travers la réalisation de micro projets avec dans certains cas, l’utilisation des techniques à haute intensité de main-d’œuvre ;

-    le développement communautaire en mettant la communauté au centre de toutes les décisions ;

-     le développement local où les collectivités locales naissantes étaient le pivot de tout le processus de programmation ;

-     le développement selon une “approche territoire”, fondée sur une solidarité inter communautaire dans un espace géographique où les acteurs mutualisent les forces de production.

 

Toutes ces approches ont un point commun qui est la responsabilisation des populations locales dans tout le processus de programmation et de mise en œuvre des actions de lutte contre la pauvreté selon des systèmes d’intermédiation différents. Ainsi, les projets de décentralisation se sont inspirés de ces approches pour ajuster les outils et les modalités de transfert des compétences et des ressources.

Les raisons de la nécessité de mettre en oeuvre des politiques de développement local se fondent sur l’urgence de l’utilisation de nos valeurs endogènes pour construire une nouvelle société.

En effet, du fait de l’esclavage et de la colonisation, nos sociétés africaines ont été profondement désarticulées aussi bien dans leur fonctionnement que dans leur perception des questions de développement. Ainsi, l’Afrique est aujourd’hui consommatrice d’autres cultures qui lui imposent leurs normes souvent inadaptées à notre contexte. De fait, nous consommons ce que nous ne produisons pas et nous raisonnons en fonction des catégories mentales qui sont étrangères à nos sociétés.

Dans ces conditions, notre développement ne peut qu’être hypothéqué parce que tributaire. Par conséquent, le seul recours qui s’offre à nous pour retrouver aujourd’hui le sens de l’humanisme qui constitue une valeur cardinale des sociétés africaines est de repartir de nos communautés de base en vue de nous réapproprier nos valeurs endogènes qui mettent l’homme au centre du développement.

Aussi, pourrions nous créer les conditions d’une prise de conscience citoyenne pour mieux amorcer le véritable développement durable du continent africain.

 

Eminences,

Excellences,

Mesdames et Messieurs,

L’approche communautaire est fondée sur l’autonomisation des communautés villageoises dans la conduite de leurs actions de développement et d’organisation des services de base. Elle vise à offrir de nouvelles opportunités de création des richesses surtout aux couches sociales plus exclues des sphères productives. Elle vise aussi une meilleure efficacité dans la gestion des services de base. Le postulat de départ de cette approche communautaire réside dans le rôle moteur des leaders porteurs de changement au sein des communautés. Cela sous-entend que toute intervention externe doit être appropriée par les forces endogènes des villages selon des méthodes participatives permettant aux communautés d’être responsables de la programmation du développement de leurs localités.

Plusieurs pays ont accordé une importance capitale à ce développement communautaire sous plusieurs formes. Certains pays ont mis l’accent sur les projets de gestion de terroirs. D’autres ont adopté une approche sous la forme de Programme National de Développement Communautaire suivi des projets pilotes dans certaines régions.

Tous les projets se distinguent par le caractère glissant de la programmation des actions du fait que les priorités sont ajustées en fonction des évaluations participatives menées annuellement par les populations. L’accent est mis sur le processus d’appropriation des démarches et outils de développement en vue, à la fois, d’éviter la marginalisation des groupes vulnérables et d’inscrire les dynamiques communautaires dans un mouvement d’autonomisation durable.

Au cours de ces dernières années, dans plusieurs pays de l’Afrique de l’Ouest, par exemple, les praticiens du développement ont développé plusieurs outils de planification des actions de lutte contre la pauvreté à l'échelle des communautés rurales selon différentes approches participatives. Malgré l’absence d’études d’impact et de capitalisation des meilleures pratiques, les méthodes appliquées peuvent être caractérisées par quatre grandes phases :

- La première phase a pour objet d'établir une mise en confiance et de créer les conditions d'un dialogue grâce à un travail de "connaissance participative" du milieu en vue de permettre une "appropriation", par la population, des travaux conduits en commun. Ainsi, l’inclusion sociale des couches marginalisées s’amorce lors de cette phase dans la mesure où l’adhésion des populations aux solutions proposées est souvent tributaire du climat de confiance créé.

- Au cours de la seconde phase, les médiateurs aident la population à effectuer un diagnostic des divers problèmes qui se posent à la communauté. Ils aident ensuite à analyser les solutions qu'il est possible d'envisager pour affronter les divers problèmes identifiés. Cette phase se conclut par des choix de solutions acceptables par les intéressés.

- La troisième phase est celle de la programmation des priorités établies. Les moyens nécessaires sont également analysés et les ressources requises sont évaluées.

- La quatrième phase est celle de l'exécution des actions. Elle implique essentiellement des procédures de suivi des contrats relatifs aux diverses actions.

Pour être efficaces, les méthodes appliquées doivent tenir compte de deux éléments incontournables. Il s’agit notamment de la décentralisation et du principe de subsidiarité :

- La décentralisation, définie souvent par le transfert de l’autorité et de la responsabilité de l’Etat à des niveaux subalternes ainsi qu’à des communautés, est un moyen efficace pour responsabiliser les populations dans la maîtrise de leur développement local. Les communautés villageoises peuvent jouer un rôle plus actif et bénéficier plus rapidement des retombées des actions de lutte contre la pauvreté si la décentralisation est synonyme de mécanismes participatifs et de prise de décisions effectives dans les choix des priorités des communes. La décentralisation ne peut pas se traduire par un meilleur système de fourniture des services de base si le transfert de responsabilités ne s’accompagne pas d’un transfert des ressources financières correspondantes et d’un développement des capacités techniques locales avec un mode de gestion qui place les communautés villageoises au cœur du système.

La décentralisation renvoie aux relations de pouvoirs entre gouvernants et gouvernés dans la gestion des affaires locales. Elle renvoie également à la capacité des communes à garantir les services de base surtout pour les plus pauvres. L’exercice du pouvoir est ainsi inséparable de la question de la pauvreté.

Développer des mécanismes de gestion de la gouvernance locale revient, dans ce contexte, à réussir à créer des opportunités nouvelles favorisant l’accès au pouvoir économique et politique de toutes les catégories de la population.

- Le principe de subsidiarité est une doctrine politique et sociale selon laquelle la responsabilité d'une action publique, lorsqu'elle est nécessaire, doit être allouée à la plus petite entité capable de résoudre le problème d'elle-même. Il va de pair avec le principe de suppléance, qui veut que quand les problèmes excèdent les capacités d'une petite entité, l'échelon supérieur a alors le devoir de la soutenir, dans les limites du principe de subsidiarité. C’est d’ailleurs dans cette même vision que  Le Pape Jean-Paul II affirme citation “ .... Une société d’ordre supérieur ne doit pas intervenir dans la vie intime d’une société d’ordre inférieur en lui enlevant ses compétences mais doit plutôt la soutenir en cas de nécessité et l’aider à coordonner son action avec celle des autres éléments qui composent la société, en vue du bien commun”. Fin de citation.

 

Eminences,

Excellences,

Mesdames et Messieurs,

Examinons à présent les pratiques de developpement communautaire et local en Afrique.

 

II- PRATIQUES DE DEVELOPPEMENT COMMUNAUTAIRE ET LOCAL EN AFRIQUE

La gouvernance territoriale, également appelée gouvernance locale, est un système de gouvernance à l'œuvre aux différents niveaux et échelons territoriaux dans les États fédéraux et les États unitaires décentralisés. Elle associe généralement les parties en charge des objectifs, fonctions et gestion de la collectivité, ainsi que de l'évaluation, dans les domaines économique, social et environnemental.

En ce qui concerne les principes d’orientation,  le débat s’articule autour de trois thèmes principaux :

- les rapports entre les pouvoirs locaux et la société civile et notamment la participation des citoyens à l’action publique, par l’intermédiaire de la consultation ou de la concertation ;

- les conditions de partenariat entre le secteur public et le secteur privé ;

- l'articulation des échelons décisionnels au regard du principe de subsidiarité.

Quant aux niveaux de gouvernance locale, aujourd'hui, trois niveaux de gouvernance territoriale ou administration territoriale semblent émerger à savoir :

- la commune, forte des transferts massifs de compétences qui ont suivi les lois de décentralisation ;

- les intercommunalités, lesquelles émergent de la pratique de coopération entre les communes ;

- les lieux informels de gouvernance territoriale tels que les chefferies traditionnelles, les associations de développement local qui tiennent compte de la tradition ou émergent selon les besoins.

Les pratiques de développement communautaire et local sont plurielles dans les pays d’Afrique. De nombreux projets répondant aux critères de lutte contre la pauvreté et pour la décentralisation sont opérationnels dans de nombreux pays.

Les niveaux d’intervention et les formes d’appui varient d’un projet à un autre. Leur principal point commun réside dans le choix stratégique du niveau communal ou de la communauté villageoise pour appuyer la maîtrise d’ouvrage locale.

Dans la plupart des pays, les pratiques de développement à la base ont été largement influencées, depuis 199O, par le rythme de mise en place de nouveaux textes régissant les collectivités locales.

Dans certains pays, la mise en place d’organes élus des communes a introduit d’autres modes de gestion et l’émergence de nouvelles formes de gouvernance locale. Les communautés villageoises fonctionnant auparavant selon des schémas plus autonomes étaient obligées de se repositionner pour tenir compte des nouvelles compétences transférées aux communes dans la gestion du développement local.

 

Eminences,

Excellences,

Mesdames et Messieurs,

 

Après avoir passé en revue les pratiques de développement communautaire et local, quel regard pouvons-nous jeter sur les perspectives ?

III PERSPECTIVES ET STRATEGIES

L’implication des populations à travers plusieurs techniques de communication dans les choix des actions de développement communautaire a élargi le champ d’insertion des couches les plus marginalisées. La tendance actuelle va dans le sens de l’émergence d’une maîtrise d’ouvrage locale à travers une plus grande responsabilisation des collectivités locales et des communautés villageoises dans l’élaboration, la maturation et l’exécution de leurs programmes et leurs projets. La participation est au centre des préoccupations de tous les intervenants qui appuient les initiatives à la base. Sa prise en compte, à tous les niveaux, dans tous les processus de planification et d’exécution est une dimension importante pour toute stratégie d’appui au développement à la base. La question qui se pose est de savoir comment promouvoir la participation à l’échelle locale ? Cette orientation a besoin d’être mieux précisée par des stratégies de communication adaptées à chaque pays selon les milieux urbain et rural et selon les communautés villageoises concernées.

Le processus de décentralisation initié dès les années 1990 s’est traduit par des expériences pilotes en matière de gestion municipale en milieu urbain et d’expérimentation de certains manuels de procédures de gestion et d’organisation administrative dans les communes rurales. Mais l’appropriation du processus de décentralisation par les acteurs eux-mêmes constitue un défi majeur à relever pour les prochaines années. L’organisation actuelle des communes offre des possibilités aux populations locales d’exercer leurs pouvoirs en matière de gestion de leur développement local.

Le transfert des compétences n’a pas été suivi automatiquement par de nouvelles ressources financières conséquentes en raison des moyens limités de nos Etats. Les Etats ont commencé à allouer certaines dotations financières correspondant aux compétences transférées ; mais ces transferts sont en deçà des besoins effectifs des services transférés.

En somme, Eminence, les populations ne semblent pas tirer suffisamment profit des avantages attendus de la décentratlisatiuon et du développement  à la base.

Dans ce cadre, l’ancrage de l’institution communale dans la vie quotidienne des populations apparaît comme un axe stratégique pour rendre les communes plus fonctionnelles et responsables de leur développement.

Ainsi, il urge de mettre en oeuvre des politiques de renforcement des capacités en faveur des élus locaux et susciter l’adhésion de tous les acteurs à la gestion participative locale.

Comme vous le constatez, Eminences, le développement local ou communautaire apparaît comme un processus qui met en relation une diversité d’acteurs ayant des stratégies différentes. Cela nécessite la coordination et la concertation de tous ces acteurs. Les espaces de dialogue regroupant le secteur privé et les organisations de base de la population sont presque inexistants. Pour permettre une vraie responsabilisation de tous les acteurs locaux, ces espaces de dialogue sont nécessaires pour garantir l’efficacité des actions de développement.

De même, la création et le développement des capacités locales constituent des initiatives à généraliser, pour améliorer le niveau de participation de toutes les parties prenantes à la mise en œuvre des programmes de développement et de décentralisation. Outre le renforcement des capacités de tous les acteurs du développement local, il y a lieu de promouvoir des projets qui valorisent leur partenariat et le partage des responsabilités.

La bonne gouvernance locale nécessite une politique de déconcentration plus effective et un approfondissement de la politique nationale de décentralisation en termes de démocratie locale et de moyens financiers conséquents. Elle implique forcément la pratique des valeurs cardinales de transparence, d’obligation de résultat, de reddition de compte et de lutte contre la corruption et l’impunité dans la gestion des affaires publiques locales.

 

Eminences,

Excellences,

Mesdames et Messieurs,

Vous conviendrez avec moi que les chances de succès du développement à la base, tels que nous l’avons préconisé, requiert des préalables. Il s’agit en l’occurence des défis de la paix, de la stabilité et de la sécurité sur le continent.

En effet, en dehors des questions d’instabilité politique récurrente, l’Afrique doit de plus en plus faire face à des menaces nouvelles, en particulier la piraterie, le crime organisé, la montée de l’extrémisme religieux et le terrorisme. L’intolérance religieuse et le terrorisme que connaît le monde et particulièrement l’Afrique, sont les manifestations les plus ostensibles de ces périls. Il est donc évident que la préservation de la paix, de l’unité nationale et de la sécurité doit être une préoccupation constante pour chacun de nos Etats africains et se traduire par une gouvernance adéquate au delà des clivages ethniques, religieux ou basés sur les différences entre les sexes.

Quelle conclusion pouvons-nous retenir au terme de ma communication sur le management de développement local en Afrique ?

 

CONCLUSION

La gouvernance est une notion parfois controversée, car définie et entendue de manière diverse et parfois contradictoire. Cependant, malgré la multiplicité des usages du mot, il semble recouvrir des thèmes proches du « bien gouverner ». Chez la plupart de ceux qui, dans le secteur public ou privé, emploient ce mot, il désigne avant tout un mouvement de « déconcentration» de la réflexion, de la prise de décision, et de l'évaluation, avec une multiplication des lieux et acteurs impliqués dans la décision ou la réalisation d'un projet. Il renvoie à la mise en place de nouveaux modes de pilotage ou de régulation plus souples fondés sur l’éthique, la morale et un partenariat ouvert et éclairé entre différents acteurs tant aux échelles locale, nationale que globale.

Ainsi, la gouvernance des territoires dans la perspective d’un développement durable pose la question des mécanismes de décision, en interpelant notamment les fondements de la rationalité des comportements des acteurs.

 

Eminences,

Excellences,

Mesdames et Messieurs,

Je ne mettrai pas un terme à mon intervention sans vous renouveler, Monsieur le Recteur Magnifique, à toutes les Eminences ici présentes ainsi qu’à toute l’assistance, mes remerciements pour votre attention. Je vous prie, Monseigneur le Recteur Magnifique, Enrico dal COVOLO, de bien vouloir transmettre au Très Saint Père, le Pape François, l’expression de mon profond respect et de ma très haute considération.

 

JE VOUS REMERCIE.

 

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