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Les critiques formulées sur la gouvernance Boni Yayi ont pris un nouveau relief depuis quelques temps. Elles sont le fait de personnalités qui sont sensées être des membres de la majorité présidentielle, et donc, a priori favorables au chef de l'Etat. Et pourtant, Candide Azannaï, Epiphane Quenum et Lionel Agbo animent désormais les rangs de ceux qui désapprouvent les positions du pouvoir en place et qui n'ont pas peur de dire son fait au Prince.

Des personnalités ayant soutenu le Chef de l'Etat béninois jusqu'à sa réélection en mars 2011 se positionnent désormais contre sa gestion des affaires publiques. L'Opposition se révèle désormais interne au sein de la majorité présidentielle même alors qu'elle s'est identifiée depuis longtemps essentiellement à la coalition Union fait la Nation. Celle-ci se trouvant depuis peu renforcée par de nouvelles têtes connues pour être membres de la mouvance présidentielle. Alors qu'ils n'auraient surpris personne en continuant à être des soutiens à l'action gouvernementale, ils s'autorisent désormais à porter des avis critiques sur la gestion du pouvoir par Boni Yayi. Candide Azannaï et Lionel Agbo sont les parfaits profils de ces anciens collaborateurs du Chef de l'Etat dont le discours s'apparente maintenant à ceux d'opposants.

 

Azannaï Comme en 2004

Ancien Ministre de l'Industrie et du Commerce, le député Azannaï a été très vert avec le président de la République le 2 septembre dernier alors qu'il était l'invité d'une télévision de la place pour apprécier l'actualité politique nationale. Il est allé jusqu'à promettre à Boni Yayi la Cour pénale internationale (Cpi) pour ses propos qu'il assimile à l'incitation à la violence intercommunautaire. Les nombreuses répliques qui s'étaient d'ailleurs abattues sur lui de la part de ses camarades de la même mouvance n'étaient d'ailleurs que la dose souvent administrée à l'Opposition pour la diaboliser et noyer ses avis critiques sur le pouvoir. En d'autres termes, l'alignement discordant opéré depuis l'intérieur de la mouvance par le président du parti Restaurer l'Espoir est considéré à la mouvance comme de l'Opposition. Et deux signes au moins laissent croire qu'il ne reviendra pas sur cette position. Premier signe, le contexte actuel rappelle celui de 2004 où Candide Azannaï était parti de la Renaissance du Bénin. A l'époque, c'était le second mandat de Kérékou et il fallait se positionner pour la présidentielle de 2006. Dans ses dernières sorties médiatiques, il a bien fait référence à l'élection présidentielle de 2016. Et si à le suivre, il insinue que le président Yayi, en cours de second mandat, combat un potentiel candidat à cette élection présidentielle, c'est qu'il a déjà choisi son ticket et n'envisage pas revenir là-dessus même s'il faut s'opposer à Boni Yayi pour ça. Second signe, quelques temps après la dernière sortie d'Azannaï, est également intervenue celle d'Epiphane Quenum où il défend des positions analogues à celles d'Azannaï. Il ne mâche pas ses mots pour dénoncer la gestion des grands dossiers de la nation par le président de la République. Or à l'occasion de la dissidence de 2004 avec la Renaissance du Bénin, les deux partageaient aussi les mêmes positions, avant que le dernier ne soit retenu par les dirigeants du parti. Il est alors fort à parier qu'Azannaï et Quenum, après une décennie de chemins politiques divergents, se retrouvent autour de leurs principes d'avant. Pour ceux qui ont suivi ce passé d'Azannaï, il est fort à parier qu'il est parti pour faire de l'opposition au pouvoir en place.

 

Me Agbo sort de sa réserve

Conseiller spécial du Chef de l'Etat jusqu'en début de cette année, Me Lionel Agbo, ne se contente plus de sa démission. Il semble désormais vouloir marquer les esprits sur fond de dénonciations. Lors d'une conférence de presse donnée hier à Cotonou, l'avocat des consommateurs béninois de produits et services des opérateurs GSM est à son tour revenu sur l'entretien donné par le Chef de l'Etat le 1er août dernier. Il a visiblement montré être opposé à bien des propos de Boni Yayi. Aussi prend-t-il fait et cause pour l'ex-société Cajaf-Comon qui aurait subi un redressement fiscal qui à l'en croire, est fantaisiste. Les critiques formulées sont si osées qu'elles ne sont dignes d'autre chose que de l'opposition.

Si à la traditionnelle opposition, Union fait la Nation, appuyée depuis quelques semaines par le front citoyen et des personnalités comme Janvier Yahouédéou, ancien député et conseiller du Chef de l'Etat, viennent s'ajouter des éléments de la mouvance qui n'ont pas coutume de se retrouver tout seuls contre tout le monde, il y a bien de quoi rechercher à l'opposition à Boni Yayi, un nouveau visage. Avec pour particularité, de s'entretenir depuis de l'intérieur.

Olivier Assinou

 

Tag(s) : #Politique
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